
Si votre cœur de métier appelle, de près ou de loin, au SEO et à la rédaction web optimisée, vous avez sans doute déjà croisé le concept de content spinning. Difficilement traduisible en français (faire tourner le contenu ?), cette expression désigne une technique spécifique de rédaction destinée à démultiplier à l’infini, du moins virtuellement, un texte initial pour enfanter de plusieurs exemplaires similaires dans le fond mais plus ou moins différents dans la forme grâce à l’utilisation massive de synonymes et de phrases reformulées.
En somme, vous mettez un INPUT dans la machine pour avoir, en sortie de chaîne, des dizaines voire des centaines d’exemplaires suffisamment différents pour ne pas alerter Google ! Le content spinning a commencé son périple dans le SEO pour finir sa course un peu ailleurs : fiches produit pour les sites d’affiliation, alimentation de plusieurs blogs dans la même thématique, réponses automatiques dans les bots conversationnels, etc.
L’équipe de Digital Insiders a choisi de vous parler de cette technique très utile (mais qui a parfois mauvaise publicité) pour une raison simple : la « littérature » francophone en la matière est très pauvre. Voici donc une série d’articles ultra-pratiques autour de cette technique qui peut vous aider à :
- Gagner du temps sur les contenus peu différenciés ;
- Alimenter plus facilement un PBN ;
- Gérer le contenu de gros sites d’affiliation ;
- Accessoirement, diversifier vos efforts SEO avec des pratiques plus ou moins old school.
C’est parti !
I. A qui s’adresse le dossier Content Spinning ?
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Aux rédacteurs web qui doivent produire de nombreux contenus très similaires sans dupliquer ;
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A ceux qui souhaitent alimenter un réseau de sites thématiques ;
- A ceux qui doivent rédiger des fiches produits redondantes, pour de l’affiliation par exemple ;
- Aux patrons d’agence qui souhaitent optimiser leur coût d’une partie de la rédaction web et, de façon plus anecdotique, de netlinking.
II. Qu’est-ce que le Content Spinning ?
Voici un petit glossaire. On en aura besoin pour la suite des évènements :
- Master spin : c’est le texte original auquel on a ajouté des phrases alternatives et des synonymes selon un langage propre au logiciel utilisé ;
- Les « spuns » : il s’agit des versions spinnées du Master spin : spun#1, spun#2, spun#3… ;
- Le taux d’unicité (T.U) : il s’agit du pourcentage de différence entre les différents spuns. On estime généralement que les spuns doivent être différents à 70% ou plus ;
- La Spintax imbriquée (ou Nested Spintax) : il s’agit d’un spin de plusieurs couches. Grossièrement, il s’agit de donner au logiciel non seulement des synonymes de mots ou des reformulations de phrases, mais aussi des paragraphes alternatifs entiers, voire carrément une autre version d’un texte.
Voici un petit exemple pour bien comprendre l’idée de cette pirouette qui vise à créer des textes suffisamment différents avec un même fond. Voici des spuns simples :
- Le growth hacking se définit comme un ensemble de mesures marketing visant à améliorer rapidement les opportunités business d'une entreprise.
- Le terme growth hacking est la somme des techniques marketing déployées dans l'objectif d'améliorer substantiellement le volume d'affaires d'une jeune entreprise.
- L’expression de « growth hacking » fait référence à la panoplie des mesures marketing qui permettent d'augmenter significativement le volume d'affaires d'une start-up.
- Le growth hacking est simplement l’ensemble de mesures marketing visant à améliorer de manière marquante la croissance (=growth) d'une boîte.
- Le terme growth hacking signifie l’ensemble des procédés marketing qui permettent d'augmenter de façon marquante le volume d'affaires d'une firme.
- Le terme growth hacking signifie l’ensemble des procédés marketing qui permettent d'accroitre de façon significative les opportunités d'une structure donnée.
- Le growth hacking fait référence à une somme de mesures marketing offrant la possibilité d'accélérer de manière substantielle le développement d'une firme.
Pour aboutir à ces différentes versions avec, in fine, le même fond mais sans duplication, on a mis en place le Master Spin suivant. Notez que le signe « pipe » ( | ) sépare les différentes occurrences d’un même mot, tandis que les accolades ( { et } ) séparent le groupe d’occurrences d’un mot du groupe d’occurrences du mot suivant :
Master spin
{Le concept|L'idée du|Le|L'expression|Le terme} growth hacking {est|fait référence à|signifie|se définit comme} {l’ensemble des|la somme des|un ensemble de|une somme de|une panoplie de|une batterie de} {techniques|procédés|mesures} marketing {permettant d'|offrant la possibilité d'|qui permettent d'|visant à|déployées dans l'objectif d'|qui visent à} {accélérer|accroitre|augmenter|améliorer} {significativement|de manière marquante|de façon significative|drastiquement|substantiellement|rapidement} {la croissance (=growth)|le développement|l'activité|le volume d'affaires|les opportunités} d'une {start-up|jeune entreprise|firme|boîte|structure|structure donnée}.
Vous remarquerez que l’expression « growth hacking » figure sur l’ensemble des spuns. C’est effectivement le principal mot-clé de ces petits contenus. Nous n’avons donc saisi aucune occurrence alternative à ces deux mots sur le Master spin.
III. Application #1 : LE SEO, à l’ancienne
Il est pratiquement impossible de dater le premier article spinné de l’histoire. On peut toutefois identifier le premier mini-outil de spin à avoir attiré l’attention : il s’appelle Articlebot, il a été créé par Don Harrold en 2004 avant de s’imposer dans la boîte à outils de tous les SEO à la mi-2005. C’est l’âge d’or du spinning appliqué au SEO pour une raison simple : les algorithmes des moteurs de recherche n’avaient pas encore poussé bien loin les contraintes qualitatives. Il suffisait alors de multiplier les backlinks et de fuir le copier-coller pour espérer de belles positions sur des requêtes faiblement à moyennement concurrentielles… avec parfois des résultats époustouflants !
Entre 2005 et 2010, les SEO balançaient du contenu par centaines, puis par milliers, puis par millions, dans l’espoir qu’un pourcentage plus ou moins élevé de ces pages finissent un jour sur la première page des SERPS… et ça marchait du tonnerre, comme on disait à l’époque ! En somme, une bonne partie du travail « textuel » des SEO passait à la moulinette du spin, l’objectif étant de placer des backlinks partout, au gré des pérégrinations du curseur du SEO :
- Placer des petits contenus de type « annuaire » sur des sites spécialisés, en prenant soin d’accompagner chaque petit texte d’un lien pointant vers le site/page que l’on souhaite positionner ;
- Créer une page sur le site à positionner pour chaque variation du mot-clé principal visé, y compris les variantes linguistiquement erronées (erreurs courantes qui affichent un certain de volume de recherche) ;
- Publier des « réponses » plus ou moins censées sur les forums de discussion, avec un backlink en guise de signature, voire dans le contenu du message lui-même ;
- Publier des commentaires plus ou moins pertinents sur les articles de blogs « Dofollow », avec un backlink en signature ou dans le corps du texte.
Protéger le site cible par des sites satellites… alimentés par le spin
Plus tard, des pratiques un peu plus poussées ont émergé parallèlement aux évolutions de l’algorithme des moteurs de recherche. Pour « protéger » les sites cibles des éventuelles pénalités liées à des liens low cost, les SEO ont joué la carte des sites satellites.
Imaginons que votre client soit un promoteur immobilier. Plutôt que d’inonder le web avec des backlinks, sur des sites parfois douteux, qui pointent directement vers son site, on va créer une ou plusieurs couches de (petits) sites plus ou moins anecdotiques sur la thématique de l’immobilier. Ce sont ces sites qui recevront le « jus », pour le canaliser par la suite vers le site client, jouant le rôle de fusibles. Le Content Spinning intervenait donc dans la création des textes SEO, mais aussi, un peu plus qualitativement, dans la création des textes destinés à alimenter les différentes pages des sites satellites. C’est à cette période, dans la première moitié des années 2010, que les outils de content spinning anglophones ont fait le plus d’efforts côté R&D, avec des fonctionnalités utiles. Créer de longs textes « corrects » en anglais devenait alors un jeu d’enfant :
- Les dictionnaires de synonymes basculaient progressivement vers la communauté open source. Des milliers d’utilisateurs proposaient, chaque jour, de nouvelles expressions, de nouvelles tournures et de nouveaux synonymes à intégrer à un dictionnaire librement accessible ;
- Les outils de content spinning devenaient connectés. Il était désormais possible de choisir automatiquement les synonymes « préférés » des utilisateurs. A la performance de la machine s’ajoutait la pertinence humaine ;
- Le calcul du taux d’unicité de chaque texte spinné gagnait en précision ;
- Certains outils avancés permettaient même de reformuler automatiquement des phrases entières.
Le Content Spinning et le Français : Je t’aime, moi non plus
Du côté de la communauté francophone, le content spinning restait au point mort. Il fallait toujours entrer des synonymes manuellement, un à un, et éviter les pièges d’une langue pas toujours évidente. A la décharge des SEO francophones, la langue de Molière se prête beaucoup moins à la chose :
- En français, les noms ont un genre. Après l’article « la » par exemple, vous ne pouvez saisir que des synonymes féminins alors qu’en anglais, le « the » ne vous limite pas à un genre particulier ;
- En français, les articles définis prennent la forme du pluriel, ce qui n’est pas le cas en anglais. Après « les », vous êtes obligé de saisir des synonymes au pluriel alors qu’après « the », vous avez toujours le choix entre le pluriel et le singulier.
- En français, les formes conjuguées des verbes changent d’une personne à l’autre. En anglais, on reste généralement sur la même forme quelle que soit la personne (sauf pour la 3e personne du singulier) ;
- En français, on est tenu d’appliquer l’élision. Par exemple, le déterminant « le » devient « l’ » s’il est suivi d’un mot qui commence par une voyelle ou un « h » muet. On ne dit pas « la image » mais « l’image ». L’incidence sur le spin est énorme. En somme, sur votre Master Spin, après le déterminant « le », vous ne pouvez saisir que des synonymes masculins, singuliers et qui commencent par une consonne (hors « h » muet). En anglais, après le « the »… vous pouvez saisir ce que vous voulez !
On comprend donc aisément pourquoi le content spinning a infiniment plus profité aux SEO anglophones.
Le Content Spinning appliquÉ au SEO : mort et enterrÉ ?
La réponse théorique est : oui, mais il y a tellement de nuances qu’elle devient : peut-être, puis viennent les feedbacks du terrain qui rendent toute réponse définitive impossible… du moins pour le moment.
Le Content Spinning, c’est dire la même chose, à l’infini, en agissant sur la forme, jamais le fond… tout ce que Google combat. D’un autre côté, la frontière entre la création de contenu et le content spinning est plus floue qu’on ne pourrait le croire. Prenez trois brèves d’actualité du Figaro, du Monde et du Point autour d’un même fait divers : même fond, forme (très légèrement) différente. Deux textes (bien) spinnés seront plus différents que deux brèves d’actualité traitant du même sujet. C’est ce qui laisse penser que la crédibilité et l’autorité d’un site peut éventuellement annuler, ou du moins réduire fortement, l’impact de la duplication de contenu.
Mêmes les SEOs qui font autorité dans le métier prennent des pincettes pour répondre à la question de la mort du Content Spinning. On nous dit que c’est le mauvais spin qui pénalise… pas le spin tout court. Abondance.com a récemment publié l’infographie des 10 pratiques SEO pour couler votre site. La partie du Content Spinning illustre bien ce brouillard qui entoure la pratique. Extrait :
« Vous n’avez pas envie d’écrire manuellement de nombreux textes pour améliorer le référencement naturel de votre site ? Vous faites donc appel au content spinning pour créer de nombreuses variations d’un même texte ! Mais attention, du spinning mal réalisé va être détecté par les moteurs de recherche, et ces textes participeront à votre naufrage ».